BWV 548 – Præludium e Fuga in e

Voici un nouveau diptyque pour grand orgue qui s’apparente grandement à une cantate : Christ lag in Todesbanden BWV 4. Il s’agit de la cantate pour la fête de Pâques : Christ gisait dans les liens de la mort. Le texte de la cantate suit stricto sensu le poème du cantique que Martin Luther a adapté du Victimae paschali laudes, poème du XIe siècle attribué au chapelain Wipo de Bourgogne. Voici tout d’abord le choral qui sous-tend cette cantate :

Voici la séquence grégorienne, point de départ du choral luthérien :

Et maintenant le choral final de la Cantate BWV 4 :

Il y a déjà beaucoup à dire sur ces quelques notes, composées par Martin Luther et Johann Walter (publié en 1524). Ce choral n’est donc pas de Bach (à part la sensible et le rythme) ; c’est ce qui m’étonne toujours le plus : il compose des choses admirablement compliquées sur un thème qu’il n’a pas « calculé » !

Voici les éléments remarquables de ce choral qui seront utilisés dans la Cantate et dans le Prélude & Fugue BWV 548. Dans l’ordre d’apparition dans le Choral.

  • Le 1/2 ton caractéristique de l’incipit du choral. (Sinfonia Versus I / Den Tod Versus II /Tête du Sujet de la Fugue).
  • Le tétracorde descendant. (Coda du Sujet).
  • Le pentacorde descendant plus broderie. (Queue du Sujet).
  • Intervalle de quinte asc., notes conjointes. (2° thème du Prélude).
  • Saut de quarte + broderie. (1° thème du Prélude : saut de sixte, broderie).
  • Enfin Hallelujah : pentacorde descendant. (Hallelujah du Versus I)

LE PRELUDE :

ANALYSE DE LA FUGUE :

Le sujet touche à toutes les notes de la gamme chromatique ! (Dodécaphonisme avant l’heure !) Il a été caractérisé comme « sujet en coin » ou « en éventail » ; il est surtout très inhabituel. A mon sens il s’agit de l’allégorie des 4 coins de la Terre ou mieux encore de l’Alpha et de l’Omega. Le plan A B A est assez peu fréquent également, il me semble que cela symbolise le retour à l’état initial et la permanence du divin. Comme nous l’avons montré, il s’agit du diptyque qui s’apparente à la Cantate BWV 4, Christ gisait dans les liens de la mort. La résurrection sera symbolisée par les doubles-croches qui apparaissent dans la deuxième séquence mes. 60.

Voici tout d’abord le plan de la fugue :

Et maintenant la partition coloriée :