BWV 856 – Fuga XI in F – 1er Livre
Cette fugue à 3 voix BWV 856 est en fa majeur. Elle se divise en deux parties égales :
- mes. 1 à 35 incluse : 1ère séquence
(Exposition, 1er épisode, 4° & 5° entrées : Sujet / réponse, 1ère strette à 2 voix et à la blanche pointée, 2° épisode)
Une longue pédale de Vte de ré mineur indique clairement le point central de la fugue. - mes. 36 à fin (72): Séquence II
(2° et 3° strettes + un 3° épisode en enfin ultime exposition du sujet)
Chaque partie est clairement césurée par une cadence parfaite, excepté la dernière exposition du sujet qui justement cherche à se faire oublier. Sa tête est presque subliminale, levée de la mesure 65, se confondant avec l’imitation de la queue du sujet précédemment utilisée. Le point central ne divise pas la fugue en Corps et Stretto, comme à l’accoutumé ; en effet une première strette apparaît levée de mesures 26 et 28.
Le sujet utilise deux formules, une broderie de la dominante, puis deux levées de quatre doubles / croche. Il commence donc par la dominante et se termine sur la médiante (1ère double de la mesure 4).
La coda du sujet préfigure le Contre-Sujet en utilisant ses six premières doubles.
La réponse est tonale, simple mutation de tête, la première note, dominante, devient tonique dans la réponse, puis tout ce qui suit appartient au ton de la dominante, Ut majeur.
Constitué essentiellement de doubles-croches, le contre-sujet utilise donc tout d’abord, la même formule que la coda du sujet, puis une simple gamme descendante ponctuée par un tremblement (volontiers avec terminaison).
Le conduit, mes. 8 et 9, utilise la tête du sujet sans sa levée en contrepoint renversable avec la formule coda du sujet, sur deux mesures ! La troisième entrée est aussi accompagnée du C.S..
Le premier épisode (mes. 13 à 17) utilise tout d’abord la coda du sujet qui venait d’entrer, puis le contre-sujet entier à la basse et sa queue en réponse à l’alto.
Deux entrées supplémentaires (sujet puis réponse), apparaissent mes 18 et 22, accompagnées, là aussi du C.S. et de la queue du sujet. Mesures 18 & 19 le C.S. passe d’une voix à l’autre.
La première Strette présente deux entrées en fa majeur en canon à l’octave. Le C.S. est entier contre la première entrée et seulement présent sur la deuxième partie de la suivante.
Le deuxième épisode est une superposition de trois éléments : deux issus du sujet et le troisième du C.S. Remarquez la fausse entrée du sujet levée de la mesure 35.
La pédale de dominante de ré mineur soutient la strette à 3 voix et à la blanche pointée en canon à l’octave de sujets en ré mineur. Ordre des entrées : soprano, alto puis basse. Une cadence parfaite très affirmée ponctue cette partie mes. 44 et 45, avec présence de l’hémiole. Tout concours à césurer clairement le discours.
Suit la troisième strette, cette fois encore à 3 voix et à la blanche pointée. Elle répond à la première en inversant l’ordre des entrées : cette fois on part de la basse, puis alto et soprano. Idem belle cadence parfaite, avant le troisième épisode.
Ce dernier fait la part belle aux trois croches conjointes du sujet, redoublées trois fois en inversus. les autres voix adjoignent à la queue du sujet un saut de quarte caractéristique. Cette formule traitée en questions / réponses entre les différentes parties sera légèrement modifiée mesure 65 pour permettre l’utilisation des notes caractéristiques de la tête du sujet pour son ultime présentation.
Un quatrième bref épisode conclut l’œuvre par l’utilisation des trois croches précédemment énoncées épisode 3, avec monnayage en double dans la main droite. Belle cadence avec hémiole pour terminer.
Après un prélude vif et alerte, cette fugue, avec un caractère fluide et dansant, forme un ensemble qui n’est pas sans rappeler le caractère du grand diptyque en fa majeur BWV 540. Voyez dans les grandes pièces d’orgue cette fameuse Toccata & fugue, dont la parenté avec le choral de la Pentecôte Komm, Heiliger Geist BWV 651 est évidente. L’utilisation de l’arpège est caractéristique dans le prélude et la toccata et le caractère conjoint et volubile sont communs aux deux fugues.

