BWV 875 – Fuga VI in d – 2ème Livre

Cette fugue à 3 voix BWV 875 est en ré mineur. Elle se divise en deux parties égales :
– mes. 1 à 13 incluse : Corps de la fugue (Exposition, 1er épisode, 4° entrée)
– mes. 14 à 27 : Stretto (3 strettes + un 2° épisode)
(intercalé entre les strettes 2 & 3, l’épisode donne aussi l’illusion de strettes)

On rencontre plusieurs fugues de Bach qui adoptent ce schéma de Corps & Stretto avec point central. Il est aussi très fréquent de rencontrer une quatrième entrée lorsque la fugue est à trois voix.

 

Le sujet est clairement scindé en deux parties : un groupe broderie de 6 doubles en triolets répété deux fois, puis, après le saut de quarte, une ligne chromatique descendante qui nous ramène vers la tonique. (Le premier sujet retombe sur la médiante afin de ne pas frapper la quinte à vide contre la première note de la réponse !)

 

La réponse est réelle, ne nécessitant pas de mutation.

 

Le contre-sujet est habilement composé à l’aide de doubles-croches ascendantes complétant la deuxième partie du sujet. Son rythme le rend donc clairement identifiable, en opposition à ceux du sujet (triolets de doubles ou croches).

 

Le conduit mes.5 utilise l’inversus de la tête du sujet pour retrouver le ton principal.

 

Le premier épisode fait appel à une nouvelle formule qui imite le contre-sujet, sorte de contraction de la deuxième partie du C.S.. Mesure 10, Bach fait entrer la tête du sujet puis la tête de l’inversus, avant la véritable entrée du sujet (4°). Nous avons donc déjà une illusion de strette.

 

La partie de Stretto commence par deux entrées resserrées à la noire, sujet puis réponse, cette dernière nantie de son contre-sujet. Une mesure de conduit utilise la queue du C.S. en marche harmonique pour nous mener vers la deuxième strette : deux entrées également à la noire, mais cette fois de l’inversus (sujet / réponse).

 

Ne pouvant pas superposer rigoureusement ce sujet, Bach nous propose un second épisode qui va présenter un festival d’entrées resserrées sur la tête du sujet ou de son inversus. Deux croches détachées ponctuent les diverses interventions donnant un caractère bondissant à ce passage. La deuxième partie de l’épisode fait à nouveau appel à l’imitation de la queue du C.S. ; cette formule descendante va être exploitée pour nous amener vers le grave de l’instrument, permettant ainsi de présenter une strette finale à 3 voix (sur la tête seulement pour les deux premières entrées), renforçant ainsi le caractère ascendant de cette première partie du sujet.

 

Cette fugue, résolument instrumentale, est une véritable leçon de strette virtuelle. Bach semble nous montrer que, même si le sujet ne s’y prête pas, l’on peut composer une fugue faisant appel aux entrées resserrées. Les notes conjointes, surreprésentées, confèrent à l’œuvre un caractère particulièrement fluide.