Commencer le trille par la note principale ou par la note supérieure ?
Nous avons vu dans les articles sur Brahms et Bach, qu’ils utilisaient très souvent deux signes différents pour distinguer le trille qui commence par la note principale (tr), de celui qui commence par la note supérieure (w). Néanmoins il y a quelques exceptions, particulièrement dans l’œuvre de W.A. Mozart ; le problème est que, lorsque le choix est imposé par des règles de consonance (octaves ou quintes directes entre basse et chant par exemple), il ne précise pas ! Il convient donc de rectifier l’habitude et de considérer le cas en question comme une exception. J’ai montré ailleurs que W.A. Mozart, contrairement à l’usage de son père, entends très tôt dans son œuvre, le trille comme commençant par la note principale. Mais un cas récurrent oblige la note supérieure. C’est le premier cas que je vais décrire. Il convient de considérer le poids mélodique mais aussi harmonique, voire mélodico/harmonique de la note pour choisir. Voici donc quelques cas qui vous permettrons de choisir avec discernement lorsque l’orthographe ne s’impose pas. (tr / w).
Voici le premier cas :
le trille de cadence qui orne la quinte de l’accord dans l’harmonie de septième de dominante :


Nous ne résistons pas au plaisir de vous faire remarquer deux solutions identiques à 50 années de distance, (entre Mozart et Chopin), pour éviter de frapper la quinte contre la basse : une agrémentation par un groupe de trois notes, ce que l’on appelle à l’époque baroque un tremblement avec préparation.
Notez que dans son autographe Mozart indique seulement un trille (tr), mais qu’il précise son intention dans la première édition.

Et voici maintenant un trille dans une œuvre célèbre et très jouée de Frédéric Chopin :

La quinte à vide est donc bien une consonance faible que tous les auteurs souhaitent éviter !
Ce cas n’est malheureusement pas exempt d’exceptions… Ce n’est pas parce que la quinte frappe à vide contre la basse, qu’elle doit toujours être ornée par la note supérieure, ou agrémentée. L’exception la plus courante se trouve lorsque la note supérieure a été entendue immédiatement avant (en général en valeur longue). C’est presque toujours le cas lorsque l’harmonie 6/4 précède la septième de dominante. Si la quinte est trop dure, on peut également y faire un tremblement lié et commencer le tremblement juste après le temps. Un “messa di voce” (son enflé / aujourd’hui crescendo) sur l’appoggiature (4 / sib) est également bienvenu…

Voici maintenant le Cas N° 2 qui permet justement de triller la quinte par la note principale ! Remarquez que l’harmonie n’est plus 7+ mais 5/4 ! C’est bien la dissonance do / ré qui rend la quinte (ré) supportable.

Voici un exemple ou il convient de triller la quinte par la note principale :

Voici maintenant le Cas N° 3 : la tierce est quasiment toujours ornée par la note supérieure…
(Sauf si la quarte est entendue précédemment en valeur longue comme au Cas N°1…)









Nous espérons que cet article vous aura éclairé sur les choix à opérer quant aux trilles commençant par la note principale ou par la note supérieure. En résumé :
1° : si l’auteur utilise deux signes distincts il faut suivre ses indications (tr note principale / w note supérieure) Les erreurs sont rares.
2° : éviter les consonances faibles ou fautives avec la basse.
3° : si le trille concerne une note déjà appogiature de la suivante : note principale absolument.
4° : si la note principale est nécessaire à la compréhension de l’harmonie : note principale.
SE MEFIER DE LA TOURNURE MELODIQUE SEULE !