Concerto pour piano N° 23 KV 488
MOZART
CONCERTO POUR PIANO N° 23
1er mouvement
KV 488
Voici un exemple de composition dans lequel W.A. Mozart se libère du cadre de la forme Sonate, tout en en conservant les aspects fondamentaux. Voici tout d’abord le plan de ce mouvement :

L’introduction de l’orchestre présente tout d’abord le groupe A en La majeur. A et A’ se déroulent sur une carrure viennoise chacun, A est stable sur une pédale de LA, A’ se porte vers la dominante, tandis que A » présente un caractère cadentiel sur une mesure de plus.

Le Pont peut se découper en trois parties. P1 propose une cellule caractéristique composée d’une levée de trois notes répétées puis appoggiature et note répétée. P2 peut être considéré comme un commentaire de P1, tandis que P3 nous propose une formule de conclusion en doubles croches descendantes. Remarquez le silence très éloquent qui césure le discours.

Dans cette introduction de l’orchestre, le Groupe B nous est proposé au ton principal. B1 et B1 ‘ se déroulent sur deux carrures viennoises chacun et se structurent en antécédent / conséquent. Ce thème constitué essentiellement de notes conjointes, avec un chromatisme très éloquent, se grave instantanément dans la mémoire de l’auditeur par sa levée à vide suivie d’une appoggiature très expressive. Remarquez également la répétition de la première cellule seulement transposée, puis l’immense grâce de son évolution en remplaçant la noire répétée par un arpège descendant qui contracte les deux mesures précédentes en une seule. Il s’en suit une accélération des évènements harmoniques en marche. La dernière proposition mes. 37 redonne de l’énergie par son arpège ascendant et détaché !
B2 et B2 ‘ sont précédés respectivement par trois et quatre mesures d’introduction. Re m pour B2, Fa # m pour B2 ‘. Ceci est très inhabituel dans la forme sonate classique. C’est ici un véritable trait de génie. le discours en est immanquablement renouvelé par une tension hors norme, laissant éclater la joie sereine du thème B2.
La codetta très simple, qui s’appuie sur deux cadences parfaites, conclut cette première exposition du matériel thématique.


L’exposition avec le soliste va respecter le plan tonal de la forme sonate.
Th A au ton principal, le Pont va cette fois installer la dominante de la dominante, afin que le groupe B soit exposé au ton de la dominante (MI M).
Le piano orne magnifiquement le matériel thématique avec essentiellement (seule ment oserais-je dire) des formules à base de gammes !





Ici la Codetta est construite sur les éléments du Pont (P1 et P3)
Remarquez le point d’interrogation pour terminer cette partie ! Accord de dominante sur les deux derniers temps qui débouche sur deux temps de silence ! C’est aussi très rare dans la forme sonate si souvent utilisée par Mozart…
Autre particularité, tout le développement va être construit sur un nouveau thème (Th C). D’allure plutôt verticale (comme un choral) il n’en est pas moins très contrapunctique avec ses nombreuses imitations aux différentes voix. La deuxième présentation, par le piano, est tellement ornée que l’auditeur ne se rend pas compte qu’il s’agit du même thème… Après l’exploitation de la tête de ce nouveau thème traité en question à l’orchestre / réponse au piano, Mozart va se livrer à un véritable feu d’artifice sur les cellules caractéristiques de ce thème en imitations canoniques à trois voix tandis que le piano se livre à une cascade de doubles croches en accompagnement ! (mes. 170 et suivantes) Reprise des questions / réponses, puis petite cadence du piano pour conclure le développement.



La réexposition va respecter le plan tonal de la forme sonate : Groupe B au ton principal. Le pont va donc se diriger vers la dominante de LA M. Au lieu du développement de la cadence de B2 ‘, Mozart nous propose directement la fin de la Codetta sur P3. Un silence suspensif va césurer encore le discours précisant la fin cette partie.




L’œuvre va se conclure par une gigantesque CODA sorte de résumé thématique :
Rappel du Thème C, sorte de résumé du développement, puis petite cadence qui rappelle les mes. 192 et suivantes, rappel du Pont et sa suspension, à nouveau brièvement le Thème C puis élément de P3 se stabilisant sur une quarte et sixte de dominante très caractéristique de l’appel à la cadence du soliste !
La Cadence est écrite pour une fois par Mozart (elles sont rares et le plus souvent à la discrétion du soliste…) vous pourrez apprécier la dramatisation très expressive du mode mineur et la réinvention des éléments déjà très exploités…
Pour conclure B2 et la Codetta de l’exposition initiale de l’orchestre avec désinence en La majeur diminuendo…


La qualité des thèmes et un plan harmonique réservant quelques surprises de taille, confèrent à cette composition une très grande notoriété, non usurpée au sein d’un corpus de 27 concerti tous différents…